La Commission européenne (et par extension la Suisse) a décidé d’interdire à partir du 1er septembre 2025 l’oxyde de Diphenyl(2,4,6-triméthylbenzoyl)phosphine – mieux connu sous l’acronyme TPO – dans tous les cosmétiques. Cet ingrédient, très utilisé dans les gels et vernis semi-permanents, sera rayé de la liste des formulations autorisées. Pourquoi ce tournant réglementaire et quel impact pour les salons de manucure et les consommatrices ? Tour d’horizon.
Pourquoi le TPO est interdit : enjeux sanitaires et base légale
Le TPO : rôle et risques
Le TPO est un photoinitiateur : sous l’effet d’une lampe UV/LED, il déclenche la polymérisation (durcissement) des gels de construction et des vernis semi-permanents. Concrètement, c’est lui qui fait sécher les couches de gel en quelques secondes. Son efficacité a fait son succès auprès des nail-artistes, mais c’est aussi ce qui le rend nocif. En effet, le TPO est classé CMR 1B (cancérogène mutagène reprotoxique de catégorie 1B) par les autorités européennes, du fait de sa toxicité pour la reproduction (source : economie.gouv.frblick.ch. En clair, il est suspecté d’affecter la fertilité et de nuire au fœtus lors de la grossesse ( source : blick.ch ).
Déjà en 2023, une réévaluation menée au niveau européen avait reclassé le TPO comme toxique de reproduction (CMR 1B)( source : hpra.ie). Cette décision fait suite à des études toxicologiques (et notamment au règlement CLP de l’UE) concluant que le TPO, autrefois autorisé jusqu’à 5 % en usage professionnel, présentait des risques trop importants. Même s’il n’est pas (encore) accusé de causer des cancers ou des mutations génétiques, sa dangerosité sur la vie de demain (la reproduction) est considérée avérée.
Pourtant, à la surface, le TPO paraissait inoffensif: en 2014 déjà, l’avis scientifique SCCS estimait que « le TPO était sûr lorsqu’il est utilisé à une concentration maximale de 5,0 % dans les produits pour ongles à usage professionnel »( source : hpra.ie). Mais depuis, de nouvelles analyses (notamment suédoises en 2020-2021) ont fait basculer l’opinion dans le sens d’une interdiction.
Les acteurs de la filière ongulaire se retrouvent donc devant une impasse : se passer d’un catalyseur si pratique (quel vernis durcit aussi vite ?) au profit d’alternatives, ou accepter les mises en garde sanitaires officielles.
Cadre réglementaire en Europe et en Suisse
Sur le plan légal, l’interdiction du TPO repose d’abord sur un acte européen. En mai 2025, la Commission européenne a adopté le Règlement (UE) 2025/877 (dit « Omnibus VII ») qui modifie le règlement cosmétique de base (CE n°1223/2009). Le TPO est alors expressément ajouté à l’annexe II (« substances interdites ») de ce règlement ( source : blv.admin.checonomie.gouv.fr) . En clair, dès le 1er septembre 2025, aucun produit cosmétique contenant du TPO ne pourra plus être commercialisé ni utilisé dans l’UE. Le site officiel de la DGCCRF le confirme : « L’oxyde de diphényltriméthylbenzoylphosphine (TPO)… deviendra interdite d’utilisation à partir du 1er septembre 2025 »( source : economie.gouv.fr).
En Suisse, la législation cosmétique reprend automatiquement les listes européennes. L’ordonnance sur les denrées alimentaires et objets usuels (en particulier son art.54) renvoie au règlement (CE) 1223/2009 dans sa version actuelle. De fait, les modifications européennes y sont adoptées de plein droit. L’Office fédéral pour la sécurité alimentaire (OSAV/BLV) a d’ailleurs rappelé dans une lettre du 18 juillet 2025 que le règlement (UE) 2025/877 est « aussi pour la Suisse assorti d’effet obligatoire » (source : blv.admin.ch). Autrement dit, la Suisse ne prend pas sa propre décision de bannir le TPO – elle applique simplement la loi européenne à laquelle elle est liée. Comme le précise l’OSAV : « Il ne s’agit pas d’une décision autonome de la Suisse, mais de la reprise automatique d’une modification contraignante de l’UE… » (source : blick.ch).
Concrètement, la date à retenir est donc le 1er septembre 2025 : à compter de ce jour, toute mise sur le marché ou utilisation de vernis/gels contenant du TPO sera interdite, tant en France qu’ailleurs dans l’UE et en Suisse. La communication du 18 juillet note expressément qu’aucune période transitoire n’est prévue : les produits TPO déjà fabriqués ou stockés doivent cesser d’être vendus et utilisés sans délai (source : blv.admin.ch ). Se former et se tenir informé au plus vite devient indispensable.
« Dès début septembre, la substance chimique TPO sera interdite dans les produits cosmétiques. Cette décision impacte quelque 3 500 salons de manucure en Suisse, les obligeant à adapter rapidement leurs stocks malgré un délai très court. » – Blick (version française)
Conséquences concrètes : filière, consommateurs et alternatives
Impact pour la filière et les pratiques professionnelles
Pour les salons et les fabricants, l’effet domino est immédiat. Des marques de vernis (de niches ou grand public) doivent revoir leurs formules avant septembre 2025. Certaines entreprises européennes ont déjà annoncé la fin de leurs produits contenant du TPO et la sortie de gammes alternatives. Chez Peggy Sage par exemple, on assure avoir « refondu toutes nos formules gel et semi-permanent pour supprimer le TPO ».
Sur le terrain, c’est la panique. Le fait de devoir jeter pour plusieurs milliers de francs de stock placent de nombreux petits indépendants dans une situation financière délicate.
Les professionnels soulignent également l’inégalité du traitement réglementaire en Europe : la Suisse applique sans aménité l’interdiction, alors que dans certains pays voisins l’épuisement des stocks est toléré. En Allemagne, par exemple, un délai de « fin de série » permet aux salons d’utiliser encore leurs produits TPO achetés avant septembre. En Suisse en revanche, selon les autorités, le moindre manucure surpris avec du TPO sera passible d’amende dès le 1er septembre. .
En pratique, les professionnels doivent :
Faire l’inventaire de leur stock actuel.
Identifier les produits contenant le TPO en lisant l’INCI (ingrédient « Trimethylbenzoyl Diphenylphosphine Oxide » ou CAS 75980-60-8).
Éliminer ou détruire ces produits au-delà du 31 août 2025.
Contacter leurs fournisseurs pour confirmer que leurs futures commandes sont bien « sans TPO ».
Opter dès maintenant pour des gammes estampillées « sans TPO », pour assurer la continuité du servicehpra.ieacadenails.com.
Conseils aux professionnels : par précaution, vérifiez l’étiquette de chaque gel/ vernis UV. Après le 1er sept. 2025, tout produit contenant du TPO ne devra plus être utilisé (ni même mis à disposition du public)( source : hpra.ieblv.admin.ch). Prévenez vos clientes des changements de couleurs ou de textures possibles, et assurez-vous de bien reformuler vos services avec des produits alternatifs.
Les autorités cantonales pourront sanctionner les contrevenants lors des contrôles. Le message est clair : même si le TPO n’est plus visible sur le marché, sa utilisation même professionnelle (manucure en salon) est considérée comme « mise sur le marché » au sens légalblv.admin.ch. En résumé : pas de rattrapage possible après le 1er septembre. Les premiers impayés tombent déjà (en mai 2025, une directive européenne recommandait aux salons de ne plus vendre de produits TPO dès septembrehpra.ie).
Quelles alternatives et comment choisir sans risque
Face à ce départ du TPO, l’industrie cosmétique s’appuie sur d’autres photoinitiateurs autorisés. Plusieurs molécules similaires sont déjà utilisées dans de nouvelles formules. On cite notamment l’ethyl triméthylbenzoylphosphinate (alias TPO-L), le BAPO (Bisacylphosphine Oxide) ou encore le TMO (Di-p-tolyl(2,4,6-trimethylbenzoyl)phosphine oxide)(source : acadenails.com). Ces ingrédients sont considérés comme sûrs et conformes aux normes actuelles (source : acadenails.com). Néanmoins, leur utilisation requiert des tests (certains ont été choisis pour leur bonne tolérance cutanée) et des achats auprès de fournisseurs fiables.
Pour les consommatrices et clientes de manucure, l’heure est à la vigilance :
Lire les étiquettes. Le TPO doit apparaître sur la liste INCI sous son nom complet ou son numéro CAS 75980-60-8. Si vous ne voyez pas cette mention, c’est un premier signe rassurant.
Privilégier les marques transparentes. De nombreux fabricants indiquent désormais sur leur packaging « formulé sans TPO » ou listent clairement les photoinitiateurs employés.
Poser des questions à votre salon de manucure. Un bon professionnel doit être capable de garantir que ses produits sont à jour et sans TPO. N’hésitez pas à demander à consulter les listes d’ingrédients dans le détail.
Attention aux achats en ligne douteux. Méfiez-vous des allégations trompeuses (« sans TPO » non vérifiées) et évitez les produits importés de plateformes inconnues. Dans l’Union européenne comme en Suisse, seuls les produits certifiés conformes peuvent être mis en vente légalement après septembre 2025.
Principales alternatives au TPO : Plusieurs photoinitiateurs de remplacement sont utilisés dans les nouvelles formules. Les plus courants sont l’Ethyl Trimethylbenzoylphenylphosphinate (TPO-L), le BAPO et le TMO. Ces molécules font durcir le gel sous UV comme le TPO, tout en étant tolérées par la réglementation actuelle (non classées CMR).
Le passage au « sans-TPO » est autant un défi qu’une opportunité. Du côté des fabricants, c’est l’occasion de mettre en avant des formulations plus « propres » ou « green » (de plus en plus demandées). Du côté des consommatrices, cela peut être un motif pour s’initier aux nouveaux labels (10-free, 12-free, etc.) qui excluent divers ingrédients controversés. Et surtout, les utilisatrices de vernis semi-permanent pourront dormir sur leurs deux oreilles : la règlementation veille désormais à ce que les ongles ne soient plus exposés, au cours de séances de manucure ou de pédicure, à cette substance suspectée d’être nocive pour la fertilité.
L’interdiction du TPO est l’illustration d’une politique de précaution accrue dans le domaine de la santé cosmétique. Elle impose un virage réglementaire majeur : pour des raisons sanitaires sérieuses, l’Europe et la Suisse ferment cette porte aux vernis semi-permanents. Les professionnels doivent s’adapter en reformulant leurs offres et en communiquant clairement aux clients. Du côté des consommateurs, c’est l’occasion de s’informer sur les ingrédients utilisés et de récompenser la transparence des marques.
Au final, si ce changement peut donner du fil à retordre aux salons de manucure, il réaffirme la priorité : la sécurité et la santé avant tout. Et sans TPO, on obtient toujours de jolies couleurs – un peu plus patiemment, peut-être – mais avec l’esprit tranquille.
Chez 50naturals, on a pas se soucie car nos produits ne contiennent pas de substances chimiques dangereuses et notre philosophie « less is more » épargnent nos clients des effets néfastes de l’accumulation de produits inutiles à la beauté.